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Mort et Vif - Des zombies, des hommes et un nouveau chapitre chaque semaine
Mort et Vif - Des zombies, des hommes et un nouveau chapitre chaque semaine
  • Mort et vif à la fois, comment est-ce possible ? Suivez les histoires de personnages communs et hors du commun à travers un monde infestés de morts vivant. Lorsque la situation devient extraordinaire, certains personnages se révèlent l'être tout autant.
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18 février 2014

Mort et Vif - Tome I - Chapitre 23

J’ai pris un coup au moral sur ce coup là. Quelle poisse ! Mais essayons de relativiser ; j’ai une hache de compétition, des bottes en cuir presqu’à ma taille et un casque en métal dont je ne veux pas. Qu’est ce que je pourrais bien en faire. Il n’est vraiment pas pratique. Je pense qu’il me gênera plus qu’il me protégera. Il faut parfois savoir faire des compromis, et là, j’ai décidé de m’en passer.

Mais en ce qui concerne l’hélico, j’ai vraiment la haine. J’ai beau me dire que le réservoir est quasiment vide, qu’ils n’iront de fait pas très loin, je n’en ai pas moins été victime d’un vol. D’un vol organisé, planifié minutieusement, avec pour seul but de me compliquer la tache. Oui, j’en rajoute un peu, c’est vrai. Mais n’ai-je pas le droit d’être un petit peu de mauvaise fois dans une situation pareille ? Yvan n’avait de cesse de me dire que j’étais un très mauvais perdant aux cartes. Je ne peux que lui donner raison, d’autant, qu’à priori, il n’y a pas qu’aux cartes que je n’aime perdre. En tout cas, je ne suis pas rancunier, mais j’ai une très bonne mémoire, et leurs visages ne sont pas prêts d’en disparaitre.

- Croyez-moi, bande d’escrocs, si je vous retrouve, je n’oublierai pas ce que vous avez fait !

Ca fait du bien de se lâcher de la sorte. Cela permet de faire passer la pilule, car à la vérité, si je les rencontre, armés comme ils le sont, je me ferai très certainement tout petit.

Mais revenons à l’essentiel, mon armure à l’étage. Comment vais-je grimper ? Il n’y a que trois pauvres mort-vifs ici. Peut-être devrais-je me les faire, un à un ? C’est risqué, mais ça me passerait les nerfs. Mais c’est risqué, très risqué, trop risqué. Non, pas pour moi ce genre d’action. Hum… Je dois rejoindre le premier étage, alors autant trouver un moyen de me hisser là haut. Après tout, n’y a-t-il pas systématiquement une échelle sur un camion de pompier ?

Celle-là n’est pas des plus grandes, mais elle est parfaite pour atteindre une petite fenêtre de l’étage supérieur. Je la cale bien sur le toit du véhicule et commence à y grimper. Je m’applique de peur de glisser. Si je chute en contrebas, ils me dévoreront avant que je ne puisse faire le moindre geste. De toute façon, avec la moitié des os brisés, je ne vois pas ce que je pourrais faire.

Encore un ou deux barreaux à escalader et la fenêtre se présentera bientôt à moi. Ca y est, je vais pouvoir jeter un coup d’œil à l'intérieur… Bling !

- Ahhh !

Un truc a transpercé la fenêtre et a voulu me sauter dessus. Je ne sais pas ce que c’est, je ne le vois pas, ça me prend complètement au dépourvu. Tenter de l’esquiver sans tomber, telle est la seule chose à faire. Je tente un mouvement de bascule de côté. Je ne vois toujours rien, tout s’est déroulé beaucoup trop vite, mais le grognement qui irrite mes oreilles m’en dit long. L’échelle glisse et commence à tomber. C’est la pagaille. Je vais me vautrer comme un gland. Il me faut en urgence trouver de quoi m’agripper. Le moindre petit crochet, rebord, tuyau, ou que sais-je, mais il me faut quelque chose, maintenant ! Je cherche en tâtonnants de la main. Un petit rebord, là ! Je l’atrappe et saute définitivement de l’échelle. J’abandonne enfin la hache pour me cramponner de la seconde main. Ca y’est, je suis stable, suspendu comme un porc à l’abattoir, mais sain et sauf.

Souffler et reprendre mes esprits ; je dois me calmer.

- Mais nom de Zeus ! Vous êtes vraiment de partout.

En redressant la tête, je le vois à moitié empalé au dessus de moi, sur ma droite, dans les bris de verre de la fenêtre, continuant à s’agiter tel un poisson sorti de l’eau. Essayons de voir le bon côté des choses : la bonne nouvelle, c’est qu’il semble bloqué, la mauvaise, c’est qu’il me bloque l’accès à la fenêtre.

Reprend tes esprits Roddrick ! Et cesse de paniquer pour un rien. Des fenêtres, il y en a tout plein le long de ce mur. Alors celle-ci ou une autre, qu’importe. Mais maintenu à bout de bras sur un petit rebord métallique, je ne suis pas persuadé que je pourrai tenir bien longtemps. J’entame un déplacement latéral, le long du rebord. C’est dur, mes muscles me tirent, mes doigts sont crispés. Ce genre de mouvement a indéniablement l’air plus facile à pratiquer dans les films. Mais j’ai trouvé mon rythme, une main après l’autre, tout en faisant basculer mon corps pour aider à avancer plus vite. Encore quelques mètres et je pourrai poser les jambes sur l’enseigne du bâtiment. Voilà, j’y suis. Je peux même m’assoir dessus. C’est le luxe. Je respire. Mais j’ai tout de même un peu peur que l’enseigne plie sous mon poids. Je continue à bien me tenir au rebord, puis j’entame de me redresser en utilisant la gouttière. Pratique.

Enfin debout, sur le côté d’une nouvelle fenêtre, je peux observer en sécurité à travers celle-ci. Tout est encore éclairé, comme au rez-de-chaussée. Amis pompiers, je vous aime.

Des bureaux, quelques chaises… Rien de bien particulier, mais aucun mort-vif. En tout cas rien ne semble bouger. Ca se présente plutôt bien d’autant que la fenêtre est très légèrement entrouverte, un peu comme si celui qui devait la refermer avait eu la flemme de bien le faire. Je la glisse doucement, afin de ne pas faire de bruit. Le bruit les attire et je ne tiens pas à ce que le monstre de la salle d’à côté ne me rejoigne ici. Je peux dorénavant passer une jambe, puis le buste. Je me hisse complètement à l’intérieur, ça y est, m’y voilà.

Observer encore et toujours. Il me faut agir vite, je pourrais très bien être à nouveau pris au dépourvu. Qu’y a-t-il donc d’utile dans cette pièce ? Bureaux, chaises, paperasse, encore et encore. Il y a même un billard à l’autre bout de la salle, juste à côté de l’escalier permettant de redescendre au rez-de-chaussée. Ce que j’aime dans le billard, c’est la queue. Enfin, la canne que l’on utilise pour jouer les boules et les mettre dans les trous. Queue, boules, trous… Et qu’on ne me dise pas que son inventeur n’était pas un gros obsédé ! Enfin, je divague. Cette queue justement, est bien affinée en son bout. Il me suffirait de l’aiguiser légèrement avec mon couteau pour en faire une arme des plus acérées, idéale pour transpercer un crane de mort-vif. Mais avant tout, je dois sécuriser la salle. Depuis l’escalier à gauche, aucun monstre ne montera. Par contre, la porte à droite mène dans la pièce où s’est empalé le mort-vif, et il n’est peut-être pas seul. Il me faut la fermer au plus vite puis la bloquer avec une petit meuble. J’agrippe rapidement une chaise tout en me rapprochant le plus silencieusement possible de cette porte.

Ce qu’il y a de pratique avec la lumière, c’est tout d’abord que l’on y voit clair, et ensuite qu’elle dessine des ombres, parfois copie conforme de l’objet dont elles sont issues. Et là, l’ombre au sol qui passe la porte devant moi est belle et bien la copie conforme d’un mort-vif. Il est là, juste de l’autre côté de la porte, et le déplacement de son ombre m’indique qu’il arrive… Non en fait, il est juste là. Dorénavant, sa main crochue finissant un bras tendu à l’horizontal ne fait plus de mystère. Il va falloir que je me le fasse, en un contre un.

D’habitude, j’écoute. Mais sur ce coup ci, je n’ai pas prêté l’oreille. Cela peut paraitre un peu idiot, mais la moquette au sol semble camoufler le bruit de traine-savate qui les caractérise. Celui-ci n’a pas l’air très vif, j’ai le temps de réfléchir un minimum. Il faut que j’utilise mon environnement. Ils ne savent pas se déplacer correctement, alors je dois trouver un moyen de le forcer à venir me chercher dans des endroits difficiles. Il me faut lui mettre des embuches sur son trajet, un peu partout entre lui et moi. Tout d’abord, la chaise que je voulais utiliser pour bloquer la porte. Je la jette devant moi espérant qu’il s’y prendra les pieds. Il approche, je peux enfin le distinguer entièrement. Ou devrais-je dire, les distinguer. Car il y en a au moins deux, quelle poisse !

A deux contre un, le couteau est trop court. Si j’attaque le premier, le second me sautera dessus à son tour. Pas viable. Rapidement, je me jette sur tout ce qui peut obstruer leur progression : chaises, porte-manteau, petits casiers… Tout y passe, dans un vacarme dont je me serais bien passé, sans savoir si cela sera efficace et suffisant. Je me suis rapproché de l’escalier. Si je n’arrive à rien ici, je le descendrai. Je sais qu’ils me suivront et que ce passage leur sera rédhibitoire. Mais que trouverai-je en bas ? Je n’aime pas ça…

Non, je ne peux prendre un tel risque. Il y a forcément mieux à faire. Les objets au sol, s’ils ne sont très impressionnants, ont le mérite d’être efficaces. Il galère clairement pour se déplacer, ce qui le ralenti davantage. Moi, ça me laisse plus de temps pour réfléchir… et pour aiguiser l’une des queues du billard. Après tout, trois ou quatre coups de couteau bien ajustés devraient suffire.

Huit coups plus tard, j’ai en main une lance. Car n’est-ce pas le nom que l’on donne à un bâton pointu ? Je suis aux aguets, étonnamment, le second mort-vif semble ne pas m’avoir vraiment détecté. Son ombre vacille toujours au niveau de la porte. Par contre, le premier s’énerve. Il me sent plus que jamais. Il grogne, se tend, bouge d’une façon plus brutale, plus agressive. Il doit être affamé. Il me veut, et je suis prêt à lui donner la pareille.

Le voilà qui se jette subitement en courant dans ma direction, mais le billard le bloque net. Il m’a fait peur, je ne m’attendais pas à ça. J’ai fait un pas en arrière contre la rambarde de l’escalier. Ses bras gesticulent telle la canne d’un aveugle à la recherche d’objets devant lui. Je pointe alors la lance, mais il l’agrippe de ses mains. J’arrive à la récupérer, je la pointe de nouveau, il l’accroche à nouveau. C’est lourd. Je n’ai prévu de passer la journée à faire ça. Je la saise un peu plus proche du bout pointu avant de la lui présenter. Il est trop court cette fois, il ne peut plus me la prendre.

- Bien viser la tête, Rodrick. Soit précis mon grand.

Je m’applique, je vise sa face hideuse mais ce n’est pas évident tant il est énervé. Je me prépare à le transpercer. Ma main droite tient la lance le plus loin possible tel un javelot. J’essaie d’être patient, d’attendre le bon moment, mais le billard se déplace sous la pression du monstre, me prenant en sandwich avec la rambarde. Je n’ai plus de temps à perdre.

Slash ! Dans la bouche. Et le voilà qui s’agite maintenant au bout de ma lance. J’enrage de l’avoir loupé. Mais que faire maintenant que je l’ai embroché par la bouche ? Un coup à gauche, un autre à droite, il résiste. Il est d’une force incroyable, qu’on a bien du mal à imaginer lorsqu’on les voit déambuler comme des crevettes. Je suis toujours là comme un abruti avec mon mort-vif au bout de ma queue. Je peux le déplacer, mais où ? Peut-être devrais-je le pousser dans les escaliers ? Allez, pour ça, je n’ai qu’à le balancer violemment sur la droite. Mais je commence à fatiguer tant il force. Et puis dorénavant, je suis vraiment bloqué entre le billard et la rambarde. Qu’importe, je n’ai pas vraiment besoin de me déplacer, juste de pivoter.

- Allez Rodrick, à trois tu l’éjectes !

Un, je le pousse sur la droite, ça me permet de prendre de l’élan pour, à deux, l’envoyer sur la gauche avec une plus grande amplitude et à trois… Je mets tout ce que j’ai dans les bras. Je le tire violemment sur la droite en basculant mon corps de l’autre côté. J’accompagne le mouvement de rotation. Sa tête est complètement balancée par la lance et je le jette enfin dans les escaliers en le faisant glisser du bâton d’un dernier geste du poignet.

- Whaou ! Beau coup de canne fiston…

Le bruit qu’il a fait en descendant les marches me fait penser qu’il n’a pas dû les prendre d’une façon très conventionnelle.

Mais le temps de s’amuser est bien fini, car le second mort-vif se met à grogner et à s’agiter. Paradoxalement, il ne vient pas. Je l’entrevois à travers la porte, son ombre sur le sol pointant ma direction, mais il ne semble pas vouloir, ou pouvoir se rapprocher de moi. Je suis très intrigué. Que peut-il bien lui arriver. Alors que je reprends mon souffle et mes esprits, je me rapproche très précautionneusement. Je ne suis pas sûr de moi sur ce coup là. Mais si armure il y a, c’est très certainement dans cette pièce voisine, alors il n’y a aucun doute à avoir.

Son grognement est assez inhabituel. Je dirai qu’il me fait plus penser à un cri, un cri de souffrance d’ailleurs. Le genre de cri qui vient du fond des entrailles.

Je fais les derniers pas et au fur et à mesure que je me rapproche de lui et alors que je fini par passer la porte, je prends conscience de la justification de ses cris. Ce pauvre mort-vif, car oui, il fait peine à voir, a dû être le souffre douleur de toute la caserne. Attaché par les mains au plafond et les pieds à un bureau, son corps montre les signes de tortures multiples. Ses muscles sont tailladés, ses ligaments sectionnés, les yeux lui ont été arrachés et pendent sur ses joues… Je ne peux continuer la description tant c’est un véritable carnage dont il a été victime. Si jusqu’à présent je ne montrais aucune pitié, ni compassion pour ces choses, autant dire que je n’en montre pas plus pour ses tortionnaires. Prendre plaisir à torturer n’est-il pas pire que dévorer les siens lorsque l’on a perdu la tête ? Après tout, ne peut-on pardonner aux mort-vifs leurs actes ? Ils ne sont plus humains ! Mais la scène de torture qui me fait face est le fruit d’un être humain, un vrai. Un être capable d’actes aussi précis qu’effroyables ne doit-il pas être doué d’un minimum de faculté de penser ? J’ai honte de nous. Si sur ce coup-ci un pauvre mort-vif a fait les frais d’un cerveau mal intentionné, combien de nos congénères ont subit le même sort, si ce n’est pire, de leur vivant.

Alors que je détourne mon regarde et essaie de passer à autre chose, le plus écœurant se présente à moi. Des amoncellements de cannettes de bière et des mégots de cigarettes tout autour du cadavre suspendu finissent de me dépeindre un tableau déjà bien sombre. Oui, ce mort-vif a subit de nombreuses tortures, et de plus, il les a subit en public, sous les cris hilares de stupides soldats du feu amusés à la vue de ce spectacle. Tout simplement déprimant.

J’ai sincèrement du mal à m’en remettre. Le pire est d’imaginer que ce n’est qu’un début. Combien d’atrocités du genre vais-je encore découvrir ? Et au final, dans quel monde allons nous vivre dorénavant ?

Je reprends mes esprits, réveillé par les sons stridents des éclats de verre qui raclent le sol sous les mouvements répétés des jambes du mort-vif empalé dans la vitre. Il est là, les fesses en l’air, incapable de se relever. Quelle tache. Mon bâton en main, je me décide à le finir, mais la tache ne s’annonce pas évidente. Comment s’y prendre. Lui transpercer le crane s’avère assez complexe puisque sa tête penche dans le vide. Non, il me faut trouver autre chose, et j’ai bien ma petite idée.

- Désolé mort-vif, ne voit rien de sexuel dans ce que je vais faire. Je fais ça pour ton bien… et le mien, je n’aime pas te savoir dans la même pièce que moi.

J’empoigne bien fermement la lance et l’embroche par les fesses avant de le basculer dans le vide. Il tombe alors en contrebas et c’est alors que je me mets à paniquer. Car ce n’est plus trois mort-vifs qui m’attendent au rez-de-chaussée, mais bel et bien une marrée de monstres qui est en train de se former. Il en arrive d’un peu partout et je serai bientôt cerné. Quelle poisse !

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