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Mort et Vif - Des zombies, des hommes et un nouveau chapitre chaque semaine
Mort et Vif - Des zombies, des hommes et un nouveau chapitre chaque semaine
  • Mort et vif à la fois, comment est-ce possible ? Suivez les histoires de personnages communs et hors du commun à travers un monde infestés de morts vivant. Lorsque la situation devient extraordinaire, certains personnages se révèlent l'être tout autant.
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22 juin 2014

Mort et Vif - Tome I - Chapitre 34

Il règne une atmosphère des plus sinistres dans ce parking. A chaque pas que je fais, la frousse de tomber nez à nez avec un mort-vif me noue la gorge. Le plus dur dans tout ça, c’est que je dois nettoyer les lieux de fond en comble. Je ne peux me permettre de tenter de rejoindre une sortie au plus vite. Non, chaque mort-vif que je ne fracasserai pas sera un danger pour Cézanne et son fils lorsque je reviendrai les chercher. Cette tache m’inquiète. Plus je reste ici, et plus les piles de ma torche se consomment. Aurai-je le temps de sécuriser les deux niveaux du parking ? Tout cela me parait bien compliqué.

Je commence méthodiquement en suivant les numéros des places de parking. Après tout, quel meilleur repère qu’une suite de numéros.

La première rangée dans le coin le plus à droite du cagibi est vierge de tout mort-vif. Rien à craindre de ce côté là. J’en profite pour reluquer à travers les vitres des véhicules garés. Après tout, peut-être y trouverai-je une ou deux choses utiles. Mais pour l’instant, rien d’extraordinaire. Je ne m’attarde pas…

J’entame la partie la plus avancée, celle proche de la rampe qui mène à l’étage supérieur, le niveau -1. Elle me parait moins sûre. Non pas qu’il me semble y observer des monstres, mais un bruit bien connu en provient. Il s’y trouve un grognement dissimulé quelque part par là. Je commence à contourner les véhicules. Je l’entends donc je le traque. Il est tout proche. Ses grognements ne laissent aucun doute. Oui, tout simplement planté entre deux voitures, de dos. Celui-là ne m’a ni vu, ni senti. C’est étrange. D’habitude, ils se retournent rapidement lorsqu’ils me sentent proche d’eux, attirés par l’odeur du sang. Mais celui-là est différent. Peut-être n’a-t-il plus d’odorat ? Mais qu’importe ! Je ne suis pas là pour théoriser sur les raisons possibles qu’un mort-vif ne me renifle ou pas. Je suis là pour sécuriser la zone au plus vite, alors… Je dégaine la hache et lui plante sur le sommet du crane. Il n’a pas bronché. Seuls ses grognements ont cessé. En ressortant ma hache de sa tête, je comprends mieux pourquoi qu’il ne risquait pas de me sentir. Ce brave monstre n’a plus de visage. Comme s’il s'était pris un coup de hache lui ayant tranché la face avant mais lui ayant épargné le cerveau. C’est tout simplement répugnant.

Etrange… Je reprends mon inspection rapidement car je ne me sens pas à mon aise. Non pas que je sois claustrophobe, mais je ne me réjouis pas non plus à l’idée d’être enterré. J’avoue que je me sentirai mieux quand j’aurai trouvé un moyen de nous échapper d’ici. Plus aucun bruit ne semble venir de cet étage. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est sûr. Nous ne sommes jamais à l’abri d’un mort-vif au sol, se réveillant au dernier moment. Je continue donc méthodiquement ma reconnaissance des lieux.

- Ahhh ! La saloperie !

J’avais bien raison ! Une main vient de m’agripper le pied ; celle d'un grand bras dégarni verdâtre ne laissant aucun doute sur les origines de son propriétaire. Je le laisse se trainer hors de la camionnette sous laquelle il était camouflé, puis lui perfore le crâne à l’aide du petit sabre. Simple et rapide. J’aime. Cette expérience me montre bien à quel point ces sales bêtes sont fourbes. Il faut toujours rester sur ses gardes. Au moindre moment d’inattention, elles en profitent pour vous surprendre et vous prendre en traitre.

Allez, reprenons le sens de la marche et ouvrons l’oreille. Car mon petit cri de stupeur a résonné dans tout le sous-sol et pourrait bien avoir alerté ses congénères.

La bonne nouvelle, maintenant que j’ai atteint la rampe, c’est que cet étage du parking est dorénavant sain. Sauf erreur de ma part, aucun macchabée ne viendra nous assaillir à la sortie du réduit. Par contre, plus je progresse et plus de la rampe s’échappe un bourdonnement. Si je ne l’entendais pas plus tôt, c’est que sa source doit être loin. Par contre, puisque je l’entends de plus en plus distinctement, c’est qu’elle doit être au premier sous-sol, donc bien assez proche pour être un réel problème. Je me dois de savoir. Inutile de tracer des plans sur la comète. Pouvons-nous oui ou non sortir du parking en sécurité ?

Je remonte lentement et sûrement la rampe. La lampe-torche ne montre encore aucun signe de défaut. Elle illumine avec toujours la même intensité, sans un sourcillement. Les bruits sont multiples et confus. Ils ressemblent à un mélange de grognements, de traine-savate et de crépitements. Et je commence à en saisir les origines : une partie du sous-sol est en flamme.

De ma position, il m’est bien difficile de définir exactement la situation. On dirait bien qu’une partie du plafond s’est effondrée et que du napalm a pu se déverser à travers le trou formé. Car si ce n’est le napalm, je ne vois guère ce qui peut bruler en continue de la sorte.

Schbong ! Qu’importe la raison de ce foyer, un mort-vif vient de tomber à travers le trou béant et nous a rejoints ici bas. Schbong ! Un second vient de s’affaler à son tour par le passage. Et comme son collègue, malgré les flammes l’encerclant, il se relève après quelques instants et commence à déambuler telle une torche humaine.

Schlong ! Ca n'arrête pas...

- A cette vitesse, l’étage sera envahi de mort-vifs dans moins d’une heure ! Quelle poisse !

Les choses m’ont l’air bien mal embarquées. Car si ce trou est un véritable générateur à monstre, il est malheureusement situé à l’emplacement qui correspondait à la rampe de sortie du parking. En deux mots, le plafond s’est effondré et la sortie n’en est plus une. Exactement ce que je craignais : nous sommes pris au piège du souterrain qui s’est refermé sur nous.

Là, il est temps de paniquer ! Je ne vais tout de même pas passer des heures et des heures à éradiquer des monstres à coups de hache dans le noir. Comment vais-je bien gérer ça ? Aurai-je suffisamment de lumière pour les combattre jusqu’à ce qu’il cesse d’en venir de ce trou béant ? Mais peut-être est-ce là la solution. Peut-être devrais-je me préparer à tous les vaincre, puis une fois exterminés, nous escaladerons le tas de gravats afin de sortir d’ici. En espérant que les flammes s’éteindront d’ici là, évidemment. Si j’étais seul, ma combinaison me protégerait et je pourrais tenter le coup. Mais là, avec les deux boulets que je me suis collé aux pieds, mes décisions sont forcément à revoir sous un autre angle. J’en étais sûr. Je savais qu’ils seraient ma perte. Il était évident qu’ils me compliqueraient la vie. Je n’aurais jamais dû accepter de les aider… mais avais-je le choix ? Avais-je le droit de dire non ? En mon âme et conscience, pouvais-je les abandonner aux morsures des mort-vifs et au napalm des bombes ? Pouf…

C’est dans ces moments là qu’il me faut retrouver mes fondamentaux. Si je ne peux m’appuyer sur eux, alors je ne vaux pas mieux que tous ceux qui sont déjà morts. Car sans être prétentieux, ma survie n’est-elle pas une preuve de supériorité ? C’est moche de parler de la sorte. D’autant que ça ne me ressemble pas. Flatter mon ego n’est pas pour me déplaire, mais me délecter de pensées prétentieuses l’est franchement moins. Non, quand je parle de fondamentaux, je parle avant tout de mes forces : force de réflexion, force d’analyse, force de proposition… Bref, tout ce qui me permet en temps normal de résoudre un problème et répondre à une problématique. Et là, il ne faut pas que j’hésite à me poser la question la plus basique : qu’est-ce qu’on a ? Et à cette question, je peux répondre aisément que je n’ai qu’une partie de la réponse et que je n’aurai le reste que lorsque j’aurai visité les lieux dans leur entièreté. Car si la sortie du parking est dorénavant condamnée, la porte dérobée d’où s’extirpait une vilaine main il y a quelques heures de cela est peut-être toujours accessible.

Alors qu’est-ce qu’on a ? Nous avons à retrouver cet accès sous forme de sortie de secours qui pourrait bien être notre salut.

De mémoire, il était à une bonne trentaine de mètres de l’entrée du parking, contre le mur de gauche. Donc en remontant sur la droite, je devrais à la fois éviter le gros des troupes et débarquer directement dessus.

Allez, c’est parti. Voilà le plan : je rejoins cette porte. J’en extrais le mort-vif d’un bon coup de hache bien placé puis je m’assure que la zone derrière elle est suffisamment sûre. Alors je retournerai chercher Cézanne et son fils. Mais tant que le trajet n’est pas parfaitement tracé, je ne les évacuerai pas de leur cachette.

- Mouais. Ca m’a l’air bien comme ça.

Me rapprocher de cette petite sortie, c’est également se rapprocher du troupeau de mort-vifs qui s’amassent autour du plafond effondré. Car même si le passage n’y est pas totalement collé, il n’en est pas très loin.

Alors je longe tant que possible le mur du fond en progressant accroupi afin de ne pas trop attirer l’attention. Mais la progression n’est clairement pas des plus aisées. Tout d’abord car des mort-vifs se sont quillés entre les voitures stationnées et ensuite, car marcher en canard me fait un mal de chien. Les muscles de mes jambes sont aux abois. Décidément, je n’ai vraiment rien d’un sportif.

Schbong ! Et un de plus… J’ai bien peur que ce bruit ne cesse jamais.

Cette situation m’exaspère. Je me traine comme une larve, avançant accroupi tel un froussard, et cela a le don de m’énerver. Je n’aime pas quand les choses n’avancent pas bien, quand elles traînassent, qu’elles luttent pour progresser d’un rien. Je haïs ces situations laborieuses où rien ne se déclenche vraiment. Et dans ces cas là, je bouillonne intérieurement. Je me sens prêt à tout changer, à tout faire péter.

Alors je me redresse fièrement comme pour les provoquer, observant autour de moi le panorama. Et je ne distingue finalement qu’un décor sombre, humide, glauque, embrumé, animés de monstrueuses silhouettes se déhanchant au rythme des crépitements et ondulations d’un foyer de flammes aussi rouge que le sang. Est-ce donc ça, l’enfer sur Terre ? Si notre monde ne ressemble plus qu’aux entrailles de Lucifer, pourquoi s’acharner à survivre ?

Bah… Après tout, quoi de plus normal ici sous terre ? Car ne sommes-nous pas au sous-sol ? Oui, j'ironise un peu. Car si ma place n’est peut-être pas au paradis, je ne l’assume pas aux enfers non plus. Alors, pour moi et ceux qui le méritent, je vais remonter d’un cran. Et cela va se passer par cette satanée porte de secours.

Je me décide à progresser d’un pas plus assuré. Je veux en avoir le cœur net. Cette sortie est-elle praticable ? Chacune de mes foulées s’allonge un peu plus. Je suis impatient de savoir. Je veux le découvrir, maintenant, pris par un désir compulsif. Qu’y a-t-il derrière cette issue ? Nous emmènera-t-elle au paradis ? Je n’en demande pas tant ; un retour sur Terre sera un salut bien suffisant. Et ce n’est pas le macchabée devant moi qui me retiendra ici bas.

Swiiiippp ! Et une tête volante, une ! Celui-là aurait mieux fait de ne pas se trouver sur mon chemin. Quand je suis décidé, rien ne peut m’arrêter. Dorénavant, mes pas ressemblent plus à un petit trop qu’à une marche. Je reste aux aguets, observant mes alentours proches pour ne pas être surpris par un mort-vif puis je rejoins enfin cette satanée petite porte.

Il semblerait que l’environnement soit plutôt propice à se dissimuler des morts-vifs, car malgré mes enjambées plus incisives, les monstres ne semblent pas m’avoir particulièrement détecté. En tout cas, pas ceux qui s’affalent et s’agglutinent proche du foyer. Est-ce que les flammes les anesthésient ? Ou les hypnotisent ? Est-ce l'effet de la chaleur qu’elles dégagent ? Où bien est-ce la lumière qu’elles génèrent ? Ils ne se jettent pourtant pas dans les flammes comme des insectes se colleraient à une ampoule électrique… Toujours est-il que leurs sens ne sont pas aussi alertes que d’habitude. Surprenant, mais je ne vais pas m’en plaindre. Et cette porte alors ?

Elle a dû prendre cher lors du bombardement car elle est complètement cramée. Et la chaleur excessive l'a totalement dilatée et gondolée si bien que l’ouvrir est un vrai challenge. J’ai beau tirer de toutes mes forces, elle ne cède quasiment pas. Si en fait, elle se déforme légèrement car les gonds semblent s’être soudés à leurs attaches respectives et il me parait impossible que cette porte s’ouvre correctement à présent. Qu’importe, je force encore d’avantage. Suffisamment pour pouvoir jeter un coup d’œil de l’autre côté.

Une cage d’escalier littéralement enduite de suie et de cendres, si bien que je me demande même si elle ne s’était pas embrasée avant le bombardement. En tout cas, si l’odeur d’incendie qui y règne est incommodante, il n’y a pas d’épaisses fumées qui gêneraient notre progression.

Je me décide à me glisser à l’intérieur. Je souhaite d’abords ausculter les lieux. L’escalier en béton n’a pas trop souffert des flammes. Il mène à un étage supérieur qui devrait être le rez-de-chaussée si je ne m'abuse. Je monte les premières marches pour tenter d’observer l’étage supérieur. Tout est noir de cendres si bien que repérer des formes ou des lieux reste très difficile. En tout cas j’aperçois un couloir, une porte… Bref, je pense que l’on va être bon si l'on sort par là.

Je redescends immédiatement, en faisant toujours aussi attention de ne pas me faire surprendre par l’une de ces sales bêtes puis me rends au parking inférieur en rebroussant chemin.

Toc, toc, toc.

- Ouvrez-moi, Cézanne.

La porte s’entrouvre.

- Vous vous êtes souvenu de mon nom finalement ? On y va ?

- Oui, il semble qu’il y a un moyen de sortir un peu plus loin, de l’autre côté du parking. Et comme toujours, vous marcherez dans mes pas, le petit sur vos épaules.

- Ok, allons-y.

- Et couvrez-vous le nez, l’air n’est pas des plus respirables là-bas.

Je n’ai pas envie de m’éterniser. Je sais qu’une sortie nous tend les bras, à quelques pas seulement, et je veux la franchir au plus vite. Oh oui, je ne pense plus qu’à ça. Cette petite cage d’escalier m’a fait de l’œil et je compte bien répondre à son appel au plus tôt.

Nous reprenons le chemin de l’étage supérieur, encore une fois. J’ai l’impression d’avoir fait ce trajet des dizaines de fois. Cette partie du parking n’a plus aucun secret pour moi. Arrivé au niveau supérieur, je prends d’avantage de précaution. Notre succès réside dans le fait d’agir vite. Des mort-vifs continuent de s’effondrer à travers le trou béant du plafond, et si, pour quelque raison que ce soit, ils ne nous détectent pas, je ne tiens pas à être présent ici lorsqu’ils se réveilleront.

Nous frôlons le mur le plus à gauche pour ne prendre aucun risque, les voitures nous dissimulant partiellement, puis nous atteignons enfin l’issue de secours. Je tire la porte de nouveau pour en agrandir l’ouverture et laisse y pénétrer Cézanne et son fils, puis, avant de me hisser à mon tour, je jette un dernier coup d’œil à la vision de l’enfer désormais derrière nous. Oui, je prends la peine de profiter de ce spectacle de ténèbres une dernière fois car si je sais bien que la terre ferme, juste au dessus de nous, n’a rien d’un paradis, cette vision gravée en moi me rappellera qu'il y a toujours pire.

Je me glisse à mon tour dans la cage d’escalier puis en grimpe les marches tout en concentrant mon regard sur cette potentielle sortie à l’étage. C’est que je ne les ai pas complètement montés ces escaliers et je dois me préparer à d’éventuelles surprises, et pas forcément des plus rassurantes.

Une fois arrivés au rez-de-chaussée du bâtiment, nous suffoquons de cette odeur de cochon cramé qui n’a jamais été aussi oppressante et je comprends pourquoi. Alors que nous traversons un étroit couloir, nous distinguons au sol ce qui ressemble à des cadavres calcinés par dizaines. Si certains ont grandement brulé, d’autres, au contraire, sont encore parfaitement reconnaissable. Difficile de penser que le petit n’en fera pas des cauchemars ce soir.

Et plus nous approchons de ce qui semble être le hall d’entrée, guidés par la lumière du jour enfin visible, plus les amoncellements de corps s’enchainent les uns après les autres. Autant dire que cela a été un véritable carnage. Les braises encore chaudes craquent sous nos pieds, chacun de nos pas relevant cendres et poussières. Marchons-nous sur des restes humains ? Certainement. Pourtant, je prends garde à essayer de les éviter. Par respect, mais pas seulement. Les mort-vifs sont fourbes et je ne serais pas surpris que l’un de ces cadavres se relève à notre approche. Je me méfie d’eux comme de la peste.

La lumière se fait dorénavant plus présente. Elle nous éblouie même par instant. Enfin le bout du tunnel tant espéré. Je presse le pas, je veux nous sortir d’ici. Ce charnier me dégoute et m’asphixie.

Sortir ! Je n’ai plus que cette pensée en tête.

Ca y est, enfin, j’y suis… Nous y sommes ! A l’air libre.

Je fais quelques pas sur le parvis de l’hôpital et constate autour de moi que le charnier du parking n’était qu’un préambule à bien pire. Aberdeen n’a plus rien d’une ville. Elle n’est plus qu’un immense fourneau à ciel ouvert. Aberdeen est en ruine !

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