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Mort et Vif - Des zombies, des hommes et un nouveau chapitre chaque semaine
Mort et Vif - Des zombies, des hommes et un nouveau chapitre chaque semaine
  • Mort et vif à la fois, comment est-ce possible ? Suivez les histoires de personnages communs et hors du commun à travers un monde infestés de morts vivant. Lorsque la situation devient extraordinaire, certains personnages se révèlent l'être tout autant.
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27 mars 2014

Mort et Vif - Tome I - Chapitre 25

Je ne m’en sors pas. Ils sont de partout et tandis que je m’essouffle en tentant de leur échapper, lorsque je me retourne, ils demeurent toujours là, dans mon dos, toujours plus nombreux. Et eux ne s’essoufflent jamais. Bientôt, je ne pourrai plus courir. Il me faut me reposer quelques minutes. Il me faut un endroit où me cacher le temps qu’ils m’oublient. Mais où ?

Je ne sais pas ! Voilà la vérité, c’est que je n’en ai aucune idée. Et je vais me remettre à pleurer par incapacité à réfléchir dans les moments de crise. Je m’en fiche cette fois, je ne pleure plus. Je ne mourrai pas, je ne pleurai pas, je n’abandonnerai pas. Je sais qu’une solution va se présenter à moi, bientôt. Au moment où je croirai qu’il n’y a plus aucun espoir, une issue se présentera à moi. Depuis le début, c’est comme cela que ça se passe. Il y a toujours un moyen de s’en sortir. Alors cours ma belle, tant que tu peux encore le faire, puis tu verras bien où cela te mènera. Allez, la rue sur la droite, qu’ils te perdent de vue quelques instants.

Je stoppe ma course pour reprendre mon souffle. J’ai de moins en moins de munitions et je tiens à conserver les dernières en cas de coup dur. Étrangement, cette rue est calme. D’ailleurs, je ne m’en étais pas rendu compte, mais depuis quelques minutes déjà, je les entends moins. Il faudrait que j’arrive à prendre de la hauteur pour comprendre le pourquoi du comment. C’est trop grisant d’avancer à l’aveugle.

- Eh bien, tu vois ma grande, quand tu veux réfléchir, tu peux le faire.

Mais je ne pense pas vouloir en prendre le temps. Je ne suis plus très loin maintenant. Bientôt, je passerai la caserne des pompiers, puis je ne serai plus qu’à trois rues de revoir mon fils. J’ai hâte, tellement hâte. Allez, cours ma belle, cours, la caserne est juste là sur la gauche.

- Aïe !

Et zut, maintenant le point de côté. C’est trop difficile, il faut vraiment que je me pose pour respirer. Si je ne peux pas m’arrêter, je peux au minimum marcher. Ca, c’est acceptable. Non, je pourrais même faire une pause, car il n’y a plus de mort-vifs. C’est étrange, il n’y en a vraiment plus.

Ca y est, la caserne est là. Elle est restées complètement éclairée mais, il semblerait que…

- Oh merde ! Il y a des tonnes de cadavres dans la cours. Qu’est ce qu’il s’est passé ici. Oh, ça craint.

Et s’ils se relevaient tous et me prenaient pour cible ? Je ne sais pas combien ils sont, mais…

- Ohhh, c’est dégelasse !

Ils sont complètement en charpie. Ca doit être l’armée. C’est sûr, c’est l’armée. Non, l’armée utilise des armes à feu. Et les armes à feu ne découpent pas les gens.

Je dois passer cet endroit, d’une manière ou d’une autre. Allez ma grande, un monstre sans jambe aura du mal à te courir après. Respire un grand coup, fait disparaitre ce point de côté et sprinte le temps d’outrepasser la caserne.

Oui, mais pas pour l’instant ! Il y en a un là-bas, à l’allure étrange et la démarche… bizarre. Grand et sombre. Je ne l’avais pas vu dans la nuit. Ce n’est pas un monstre celui là. Les mort-vifs ne marchent pas comme lui. Enfin si, honnêtement, il a l’air monstrueux ce type. Monstrueux mais vivant. Peut-être devrais-je… L’appeler ? Lui parler ? A deux, ce serait plus facile, non ? Mais peut-être est-ce un malade mental, du genre à violer les filles la nuit. Je sais qu’il est idiot de penser de la sorte, mais je n’ai pas survécu aux mort-vifs pour crever violée par un fou en plein milieu de la nuit.

Et si c’était lui ? Lui qui a massacré tous ces mort-vifs devant la caserne ? Il faut être sacrément atteint pour faire ça, non ? C’est peut-être un marginal ce type, ou bien un fou à lier ? Ne prenons pas de risques inutiles. Je garde mes distances, mais comme il va dans la même direction que moi, il ne va pas être évident de le semer. Je vais avancer doucement, tout en gardant un intervalle suffisant avec lui. Ainsi, je pourrai me reposer un peu. Allez ma belle, soit forte, après tout, tu es armée, n’est-ce pas ? Don’t panic !

Je progresse sur le trottoir en restant dissimulée derrière les voitures. Si je le vois se retourner, je m’accroupirai rapidement.

Alors que je passe le long de la caserne, j’aperçois l’étendue du massacre. C’est véritablement abominable. Ca me rappelle la façon dont la situation a dégénéré à l’hôpital. Quel drame. En tout cas, ils sont tous complètement déchiquetés. Je ne vois pas comment ils se relèveraient maintenant.

Où est-il ? Merde… Voilà, j’étais concentrée sur les cadavres et je l’ai perdu de vue. Peut-être m’a-t’il remarquée ? Peut-être me tend-il un piège derrière l’une de ces voitures ? Peut-être qu’il me traque à l’instant même ? Ca y est, je panique à nouveau. Une vraie parano !

Vite mon arme, j’épaule, je vise, je me tiens prête. Soit sérieuse ma belle. Rigoureuse. Arrête de te cacher. Maintenant, tu le traques, tu le chasses jusqu’à ce qu’il se pointe. Reste loin des recoins, des angles d’où il pourrait surgir. Reste au milieu de la rue. Tu ne crains rien, s’il se pointe, tu le dégommes. Quant aux mort-vifs, vu leur état, tu n’as rien à craindre de ce côté-là pour l’instant.

Et je respire !

Moi et mon fichu sens de l’orientation. Cela fait cinq bonnes minutes que je marche à sa recherche et comme je ne me concentre pas sur la route, j’en perds mes repères. Où faut-il que j’aille ? C’est pénible d’être toujours perdue. Ah si, je reconnais l’arrêt de bus. Le 34 ! Sauvée ! Je dois prendre à droite maintenant. Allez, en avant ma belle, lui, il a dû continuer tout droit car il n’y a plus la moindre trace de son effrayante silhouette.

Je cours à une bonne allure, ni trop vite, ni trop lentement. A ce rythme, je pourrais courir des heures. Mais fort heureusement, il ne me reste plus que quelques dizaines de mètres. Je n’ai jamais été aussi près de toi mon chéri. Maman arrive ! Voilà, la maison à droite. Fonce Marlène, fonce !

Pitié, pourvu qu’il soit là, et qu’il soit là vivant. Pourvu que la nounou ait pu s’occuper de lui. Pitié !

J’enfonce le petit portillon à l’entrée de la maison en briques rouges. Il n’y a pas la moindre lumière, seule celle du perron est allumée. J’espère que la porte d’entrée est ouverte, car je n’ai aucune de mes clés. Je l’ouvre violemment, elle n’était pas verrouillée puis j’entre dans la maison.

- Chris ! Chris ! Maman est là !

Il fait très sombre et il n’y a pas le moindre bruit. Mon appartement se trouve au quatrième étage. Je me précipite dans les escaliers. J’avale les marches deux par deux. Je ne les ai jamais montées aussi vite. Je prends des risques inconsidérés ; à chaque palier, derrière chaque porte entrouverte, derrière chaque recoin peut se cacher un mort-vif. Mais qu’importe, je n’ai qu’une idée en tête, retrouver mon fils.

Arrivant devant la porte de mon appartement, je la trouve légèrement entrouverte. Comment est-ce possible ? Pourquoi ? Pourquoi la nounou ne s’est-elle pas barricadée à double tour à l’intérieur ? Qu’importe les réponses, je pousse la porte violemment.

Rien. Uniquement un simple silence de plomb que le bruit de la porte a perturbé.

- Chris ? Chris, où es-tu mon grand ?

Je visite chaque recoin de l’appartement, bondissant d’une pièce à l’autre, mais toujours rien. Ou plutôt, toujours personne. Mon fils a disparu !

- Chriiiissss ! Chriiisss !

Je suis tellement déçue. J’ai beau hurler son nom, personne ne répond à mes appels. Et personne ne répond dans tout l’immeuble. Rien, pas le moindre murmure, pas le moindre bruit de pas, pas le moindre bruit de porte se refermant. Cet immeuble semble complètement déserté.

J’ai besoin de reprendre mon souffle.

Je me pause sur le petit canapé face à l’entrée. Je suis extrêmement frustrée, mais je n’arrive pas à être dépitée. Je crois que ces expériences m’ont rendue plus forte. Auparavant, je me serais complètement effondrée, mais plus maintenant. Je garde l’espoir, l’espoir de retrouver mon fils, sain et sauf. Car c’est bel et bien cet espoir qui me fait continuer à survivre.

Bong, bong, bong, bong, bong ! Un bruit dans la cage d’escalier ! Comme si un objet venait d’en dévaler les marches une à une. D’un réflexe quasi-militaire, j’épaule mon arme, et, bien en appuie dans le canapé, pointe le canon vers la porte d’entrée. Mais plus le moindre bruit suspect. Plus rien. Je suis concentrée, prête à faire feu. Une ombre ! Une minuscule ombre sur le palier de la porte. Elle s’approche, sans un bruit. Les mort-vifs font du bruit, alors…

- Miaou !

Un chat ! Ce n’est pas possible, ce n’est qu’un simple chat. Et celui là n’est pas du quartier. C’est bien la première fois que je le vois. Il n’a pas l’air bien malheureux, avec sa bedaine grassouillette. Peut-être se délecte-t-il des cadavres des mort-vifs ? Cela m’étonnerait bien, les chats ont du gout. Ils sont gourmands et ne se satisfont de n’importe quels mets. Eh bien au moins, il y en a un qui y trouve son compte, dans tout ce chaos.

Où est Chris ? Je ne cesse de me poser la question. La nounou a certainement dû me laisser un message sur mon portale. Elle ne serait pas partie sans me donner de nouvelles. Mais comment faire ? Mon portable est en cendre dans ce qu’il reste de l’hôpital. Comment écouter ma boite vocale ? De mémoire, il y a un moyen d’y accéder depuis une ligne fixe. Mais comment ? Pouh ! C’est trop compliqué. La technique, ce n’est pas pour nous, les filles…

Et pourquoi pas ? Pourquoi n’y arriverais-je pas ? Réfléchi un peu. S’il y a un moyen, il doit être clairement mentionné dans tous les papelards qui viennent gonfler les courriers des factures de téléphone. Bien souvent, ce ne sont que des pubs, mais parfois, on y trouve aussi de la documentation bien pratique.

Alors, ces factures, où sont-elles ? C’est vrai que je suis un peu bordélique. Honnêtement, je le reconnais sans sourciller. Et fort heureusement, la nounou est une vrai mère, et pas que pour mon fils. Elle l’est pour moi tout autant. Alors elle a dû les trier puis les ranger quelque part… à un endroit précis… prévu pour y mettre de la paperasse… donc certainement pas dans la salle de bain… ni même dans la cuisine… alors peut-être dans ma chambre… ou alors dans le salon. Pouh ! Je me rends complètement folle ! Chambre ou salon ? Fouillons les deux et commençons par le petit meuble à l’entrée où elle pause systématiquement les clés de son scooter. Les deux tiroirs du dessus seraient très certainement l’emplacement idéal.

- Bingo ! Je t’adore Selma ! Tu es la plus forte des nounous ! Mais qu’est-ce que je ferais sans toi ?

Toutes les factures sont là, triées par type et par date. C’est l’opulence la plus totale. Je serais bien incapable d’en faire autant. Merci mille fois Selma. Je fouille à toute vitesse en ruinant un peu, il est vrai, son joli travail, mais j’ai tellement hâte que je ne peux prendre le temps de chercher dans l’ordre. Pas mon style de toute façon.

Voilà j’y suis, un petit dépliant explique tout ce qu’il est possible de faire. Je me rue sur le téléphone fixe et je compose le numéro indiqué sur le papier.

- Bonjour et bienvenue. Veuillez composer votre numéro de téléphone portable, puis terminez par dièse.

- Dièse ? Qu’est ce que c’est que ça ? Ah oui, la petite touche en bas à droite.

- Veuillez maintenant composer les quatre chiffres de votre code d’accès puis terminez par dièse.

- Code d’accès ? Je n’en sais rien, moi… Allez au hasard, la date de naissance du petit champion.

- Vous avez cinq nouveaux messages. Hier, à 22 heures 32 : « Bonjour Marlène, il se passe des choses pas très catholiques dans l’immeuble. L’armée est venue et a embarqué la famille du deuxième. En début de soirée, ils étaient déjà venus chercher le gardien et sa femme. J’ai peur qu’ils finissent par venir pour nous ».

Ce message me fait froid dans le dos. Je sais que je dois écouter le prochain, mais j’ai peur, peur d’entendre le pire.

- Hier, à 23 heures 17 : « Marlène, ca devient très compliqué ici. Les voisins m’ont proposée de partir avec eux. Rappelle-moi vite s’il te plait et dis-moi ce que tu en penses. »

- Hier, à 23 heures 46 : « Marlène, je suis monté chez le voisin du dessus car les militaires ont envahit l’immeuble. Ils embarquent tout le monde, étage par étage. Je crois que ceux qui ont essayé de partir tout à l’heure se sont fait arrêter au bout de la rue. Je ne sais pas si… »

- Hier à 23 heures 59 : « Nous nous sommes enfuis par les toits. Les soldats ne nous ont pas vu… Enfin, il me semble qu’ils ne nous courent pas après. Chris est avec moi, il est très brave, il n’a pas pleuré une seule fois. J’ai compacté un minimum d’affaires pour lui. Ne panique pas, je prendrai soin de lui. Je te laisse. »

- Aujourd’hui à minuit 52 : « Marlène, ma chérie, j’espère que tout va bien pour toi. Je n’aurai bientôt plus de batterie alors j’ai bien peur que ce soit mon dernier message. Je suis avec le petit jeune du dernier étage, l’étudiant qui fait toujours beaucoup de bruit avec sa moto. Nous nous rendons maintenant en direction du port. Il parait que des bateaux quittent la ville pour mettre les gens à l’abri sur les plateformes pétrolières en pleine mer. Je t’appelle dès que je peux. Prends bien soin de toi ma grande et je t’en supplie, donne moi des nouvelles au plus vite. »

- Fin de vos nouveaux messages. Pour réécouter, tapez 1, pour archiver, tapez 2, pour rappeler votre correspondant, tapez 3…

- Vite, 3, 3, 3, 3 ! Appelle ! Je t’en prie Selma, décroche …

- « Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Selma. Je ne peux vous répondre pour l’instant. Laissez-moi un message et je vous recontacterai dès que possible. Bip. »

- Selma, c’est moi, c’est Marlène ! Je suis vivante, tu m’entends, je suis vivante ! Appelle-moi à la maison s’il te plait. Je n’ai plus de portable. Je t’en supplie Selma, rappelle-moi au plus vite, et embrasse Chris pour moi. Dis-lui que sa maman l’aime. »

Je me remets à pleurer. Pourtant, je devrais me réjouir de les savoir toujours en vie. Mais tant que je ne le verrai pas, tant que je ne pourrai le prendre dans mes bras, je ne cesserai d’être malheureuse. Mais dorénavant, j’ai un objectif ; le port. D’une façon ou d’une autre, je dois m’y rendre. Mais comment ? A pied, j’en ai bien pour une bonne heure de marche. Mais honnêtement, je ne vois pas d’autres solutions.

Je me rends dans la cuisine pour empaqueter deux ou trois choses pour le petit et j’en profite pour engloutir des restes. Pas le temps de cuisiner ! Toutes ces émotions m’ont vidée de mon énergie. J’ai un grand besoin de recouvrir des forces avant de renouer avec l’action. Mais je n’ai pas d’appétit, alors je me force à manger. J’avale une pomme et la moitié de la bouteille de jus d’orange… Malgré le risque à l’extérieur, je suis bien décidée à me rendre au port pour les y retrouver.

C’est que certaines valeurs ne disparaissent pas facilement, comme l’amour pour un enfant. Celles qui font de nous des hommes, de vrais êtres humains, empreins de sentiments, de désirs, de passion, de pêchés… Bref, tout ce que les mort-vifs ne ressentiront plus jamais.

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